Auto-portrait.

28 Janvier 2015

Intercourse est une ville grandiose. Pas grande, grandiose. Car humaine, de cette véritable humanité qui dépasse les choses, qui lie les gens, les rassemble. Grandiose car vraie, sans mensonge et sans gêne. Grandiose car simple, car simplement belle, simplement vide de rien et plein de tout. Grandiose car c’est ici qu’apparait cet espace frais et ouvert, ce jardin immense couvert de vert où j’écris les miens. Cette bulle où la poésie nait, où se développe cette sensation de liberté, face aux mots, face aux autres, face à soi. Cette liberté volante qui voltige entre les feuilles et emporte loin les chaînes de la vie urbaine, cette force qui lutte contre tout, incarnée par les mots posés sur les pages d’un cahier. Ces chaînes difficiles à briser, impossible à lâcher, qui s’accroche à un monde qui n’en est pas un, un monde vide de sens et plein d’obligations, de mécanismes qui ne valent pas la peine d’être appris, qui empêche la vie en la conditionnant à des choses sur lesquelles il n’y a pas vraiment de nom. Pourtant, nommer les choses c’est leur donner le pouvoir d’exister, d’être belles et appréciées, c’est les rendre accessibles. Pourquoi ne pas nommer ces choses pour apprendre à les manier ? Pourquoi les malentendus provoquent-ils tant de haine et de discorde ? Et si nommer les choses pouvait les rendre plus justes, plus vraies ? Nommer pour ne pas tomber dans cet excès de pensée, de pensée fade et infondée, construite sur un excès d’interprétation, de violence, présent ici et là dans chaque esprit, tous traversés par cette idée fugace que le monde aurait pu être différent si les choses l’avaient été.

Différence. Un mot si beau et si laid qu’il nous unit autant qu’il nous déchire.

MHDV